Hainaut

Le castor de retour sur les berges de l’Escaut

Castor en vadrouille

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InfoPar Florence Dussart

Il fait son retour en Wallonie après des siècles de disparition : le castor. On commence à l’apercevoir sur certaines berges, comme sur celles de l’Escaut, où il avait disparu au 19e siècle, parce qu’il était chassé pour sa fourrure notamment, et pour son castoréum, utilisé en parfumerie.
Réintroduit ici et là, en Belgique et chez nos voisins, il reprend possession de son milieu naturel, comme nous avons pu nous en rendre compte dans le Tournaisis, en suivant Louis Brennet, du contrat rivière Escaut Lys sur les berges de l’Escaut.
 

© Florence Dussart

Le "spécialiste du castor" au contrat rivière nous emmène pour cela dans un très bel endroit : un petit bras de l’Escaut, abandonné depuis longtemps, comme une petite rivière, baignée de soleil. Des arbres, des racines enchevêtrées. Et c’est en observant les arbres que Louis Brennet a remarqué le retour du castor : "Ici, on voit vraiment la base de l’arbre a été grignotée, explique-t-il. On voit les différentes teintes du bois. Là, il y a une teinte qui est beaucoup plus claire donc on sait que c’est une trace qui est très fraîche, il est passé dans les deux ou trois jours qui précèdent. On voit sur d’autres arbres, poursuit Louis Brennet, que le bois est un peu plus oxydé. Là, ce sont des traces plus anciennes. On suit sa progression comme ça le long des sites". Autre particularité, quand il a grignoté l’écorce des arbres, il les taille en forme de crayon. C’est aussi ce qui permet de repérer sa présence.

© Florence Dussart

Le castor est une espèce protégée au niveau européen. Les différents contrats rivières reçoivent d’ailleurs pour mission de la Région wallonne d’observer l’évolution du castor chez nous, de le répertorier et d’assurer sa bonne cohabitation avec l’homme.

Quelle chance avons-nous de croiser un castor lors d’une balade de long des berges ?

En réalité, très peu. D’abord parce que le castor est un animal nocturne. Et qu’il est très craintif.

Ensuite, peu de castors vivent au même endroit. "Il n’y a jamais quinze ou vingt castors au même endroit, précise Louis Brennet. Une famille, c’est le papa castor, la maman, une première portée, éventuellement une deuxième… Et au bout de la troisième, ils mettent les plus grands dehors pour faire de la place pour les petits. Les grands doivent aller trouver un nouveau territoire". C’est ainsi que les castors s’étendent et prennent possession de nouveaux territoires.

 

© Florence Dussart

Enfin, il est difficile de savoir où est son terrier. Parce qu’il fait les entrées sous l’eau, pour en dissimuler et donc en protéger l’accès. En réalité, c’est ce qui pousse le castor à faire des barrages. Son but ? Faire augmenter le niveau de l’eau et cacher sous l’eau l’entrée de son terrier. Mais chez nous, il choisit des zones d’habitat où le niveau de l’eau est suffisant pour ne pas avoir recours aux barrages, limitant ainsi le risque d’inondations.

Par ailleurs, il n’entrave pas la navigation, puisqu’il s’installe dans des zones tranquilles où la navigation a cessé depuis longtemps, comme sur ce bras mort de l’Escaut.

"Pour l’instant chez nous il ne crée pas de huttes, observe notre spécialiste sur les berges de l’Escaut. En tout cas, pour l’instant, on n’a pas encore vu de hutte. Il va plutôt faire des terriers dans les berges ; ce qui pourrait être un problème théoriquement, parce qu’il y a un risque d’affaissement des berges. Mais nous sommes déjà envahis de rats musqués, qui font déjà des terriers dans les berges. Donc, il y a déjà des problèmes de stabilité. Bref, les castors ne créent pas un nouveau problème. Le problème était déjà présent avant".

© Contrat rivière Escaut Lys

Une richesse, pas une nuisance

Bref, le castor n’apporte aucune nuisance chez nous. Oui, il coupe des arbres. Il les grignote, en forme de crayon, pour les faire tomber, et se nourrir des jeunes branches ou des bourgeons. Mais cela respecte parfaitement le cycle de la nature, insiste Louis Brennet : "Au début il va arracher des petites branches, un peu de végétation. Et puis, au fur et à mesure où il s’installe, il va commencer à faire tomber un arbre, et il y aura un autre arbre qui poussera à la place, dédramatise-t-il. Cela fait partie pour nous de l’ordre naturel des choses !".

En bref, le retour du castor est une bonne nouvelle pour la biodiversité. Que ce soit sur les berges de l’Escaut, ou sur celles de l’Ourthe ou de la Semois, où il est davantage présent. Les spécialistes s’en réjouissent d’ailleurs. Constater qu’un animal que l’homme a fait disparaître revient naturellement dans son habitat premier, c’est un bon signe que nous donne la nature.

(Videos fournies par le contrat Escaut Lys)

Castor dans l'eau

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Ecoutez ici notre reportage sur les berges de l'Escaut

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