Derrière la sérénité d’une campagne verdoyante, l’atmosphère cotonneuse d’un paysage de neige, la fièvre ! Celle des peintres mus par le désir de capter la moindre variation de lumière, cet infime souffle de vent capable de modifier l’aspect d’un paysage. Il est surtout question de cette quête, dans l’exposition « Peindre la nature. Paysages impressionnistes du musée d’Orsay », qui rassemble 58 œuvres prêtées par le musée d’Orsay pour célébrer les 150 ans de la première exposition impressionniste.
Par « impressionnistes », on entend cette génération d’artistes des années 1860 qui en a soupé des conventions du paysage historique et préfère travailler « sur le motif », en plein air, dans le sillage des peintres de l’école de Barbizon.
Récidiviste
Claude Monet, fil rouge – mais pas exclusif – du parcours, aura poussé l’expérimentation des variations autour d’un même thème jusqu’à l’obsession. Ainsi, ces meules de foin croisées en plein été dans un champ proche de Giverny, où le peintre s’est établi, ont la saveur des premières fois : c’est en effet le premier motif étudié en série par un Monet récidiviste, de la cathédrale de Rouen à la mythique série des Nymphéas. Cette série de… 250 tableaux (!) n’est évidemment pas présente à Tourcoing mais un dispositif numérique astucieux permet d’en scruter certains détails.
L’exposition démontre que les impressionnistes ne sont pas confinés aux jardins d’agrément mignons. Ainsi, la Seine devient un objet de contemplation autant qu’un défi. Le courant de l’onde, mais aussi l’aménagement de ses rives en constante évolution, a inspiré Camille Pissaro ou encore Paul Signac et son brouillard d’Herblay.
Notre avis : 4/5
Puis, en marge du mouvement, on croise Gauguin, conseillant à l’un de ses amis de ne pas copier « trop d’après nature. L’art est une abstraction : tirez-la de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qu’au résultat ». C’est un tournant. La nature n’est qu’un point de départ vers des recherches plus scientifiques, plus abstraites.
L’exposition s’attache enfin aux résonances du mouvement avec l’époque contemporaine. Témoin ce dialogue saisissant entre Saule pleureur (1920-1922) de Monet, et une peinture d’Eugène Leroy, artiste tutélaire du musée de Tourcoing.