MobilitéUn guide pour apprendre aux automobilistes et aux cyclistes à cohabiter

Lille : Un guide pour apprendre aux automobilistes et aux cyclistes à vivre ensemble

MobilitéLa Métropole européenne de Lille vient d’éditer un manuel qui doit permettre aux automobilistes de mieux appréhender l’augmentation du nombre d’utilisateurs de modes de déplacements doux et les aménagements urbains y afférant
Un vélo roule dans un contre-sens cyclable à Lille (illustration).
Un vélo roule dans un contre-sens cyclable à Lille (illustration). - M.Libert/20 Minutes / 20 Minutes
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Dans la métropole européenne de Lille, l’augmentation d’utilisateurs de modes de déplacements doux va de pair avec l’augmentation du nombre d’accidents impliquant des cyclistes ou des trottinettes.
  • La métropole a ainsi édité un « manuel pratique » pour apprendre la cohabitation aux élèves des autos-écoles avec les « usagers vulnérables de la route ».
  • Une initiative saluée mais qui serait plus efficace si le guide était distribué aux automobilistes ayant obtenu leur permis avant la mise en œuvre de toutes les nouvelles réglementations.

Il suffit de se balader à Lille pour constater que le nombre de cyclistes a bondi ces dernières années, même si l’on ne compte pas les livreurs à vélo. Il faut dire que la métropole et la municipalité mettent le paquet pour inciter les habitants à abandonner leurs voitures au profit de modes de déplacements plus doux. Même si la démarche est encore perfectible pour certains accros de longue date à la petite reine, il faut néanmoins reconnaître les nombreux aménagements visant à faciliter les déplacements à vélo. Reste à changer les mentalités et les habitudes des automobilistes qui ne sont plus désormais les maîtres de l’asphalte. Et pour cela, il existe aujourd’hui un « manuel pratique ».

Conscience environnementale, prix de l’essence, confinement, praticité, stationnement… Les arguments ne manquent pas pour privilégier désormais tout autre moyen de déplacement que la voiture. La conséquence est une explosion du nombre de ce que les autorités considèrent comme des « usagers vulnérables de la route » : piétons, cyclistes, trottinettistes, gyropodistes. Vulnérables, parce que, prises de court, les collectivités ont mis du temps à adapter la voie publique à ces usagers d’un nouveau genre. Et cela a un prix : « En 2021, 382 accidents impliquant un usager vulnérable ont eu lieu sur le territoire de la métropole de Lille », détaille la préfecture du Nord, ajoutant que « 21 d’entre eux sont morts ».

Un manuel bien fait mais qui se trompe de cible

L’idée de ce « manuel pratique », c’est de « faire le lien entre l’apprentissage du permis de conduire et l’ambition zéro blessé, zéro tué sur la route que la métropole promeut », a déclaré le président de la métropole européenne de Lille (MEL), Damien Castelain. Ainsi, le fameux guide a été distribué aux 160 autos-écoles du territoire métropolitain pour « sensibiliser les futurs automobilistes à la nécessaire cohabitation ». Comment adapter sa conduite en présence de cyclistes, comment fonctionne une zone 30, quelle différence entre une piste cyclable et une bande cyclable, qu’est-ce qu’un sas vélo… Autant de notions parfois très récentes que les autos-écoles enseignent déjà à leurs élèves : « En pratique, on explique tout ça. C’est vrai que la réglementation change beaucoup mais c’est intégré dans le Code de la route », explique Mounir Trabelsi, gérant de l’auto-école CER Porte de Douai.



Peut-être que la cible de la MEL n’est pas la bonne. « Mon seul ''reproche'' est que ce guide est destiné aux futurs conducteurs, car distribué avant tout dans les autos-écoles, alors que ce sont les conducteurs actuels qui nécessitent une véritable mise à jour du code et des règles », déplore « En roues libres », un vélotaffeur lillois très suivi sur Twitter. Un point de vue partagé par Cyclocastor, un autre adepte lillois du vélo : « les évolutions du Code de la route concernant les cyclistes sont relativement récentes. Ceux qui passent leur code aujourd’hui sont censés en être informés. Ce serait bien de le diffuser aussi (surtout) aux personnes qui ont passé leur code il y a longtemps. » Et sur ce point, le patron d’auto-école est aussi d’accord : « Moi je forme les VTC et les taxis et je me rends compte qu’ils ne savent pas ce qu’est un SAS, un double sens vélo. Pourquoi ne pas instaurer une sorte de formation continue pour les automobilistes », s’interroge-t-il.

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