Zones de police en Wallonie picarde: les fusions sont-elles inévitables ?
Quel avenir pour les zones actuelles ? La fusion aura-t-elle plus de bons côtés que de mauvais ? Nous avons interrogé les chefs de corps des zones de police de Mouscron, Comines-Warneton et du Val de l’Escaut.
- Publié le 11-01-2023 à 13h01
Au fédéral, la fusion des zones de police est un sujet fréquemment abordé. En Flandre, les fusions se comptent déjà sur les doigts des deux mains. À terme, ce phénomène peut-il s’exporter en Wallonie picarde ? En coulisse, les policiers l’évoquent, les élus aussi, notamment pour le territoire allant de Comines-Warneton à Mont-de-l’Enclus. Mais quelle est l’opinion des principaux intéressés ? Réponse avec Jean-Michel Joseph (ZP Mouscron), Sébastien Dauchy (ZP Comines-Warneton) et Dominique Debrauwere (ZP Val de l’Escaut).
1.«Pas envie de sacrifier l’équilibre »
"Par la porte ou par la fenêtre, on y passera", avoue sans détour le chef de corps de la police mouscronnoise. "On sait que le fédéral veut revoir la taille de certaines zones de police, que ce sont principalement pour des considérations budgétaires ou économiques. Mais on ne sait pas quand le processus va s’accélérer. " Selon Jean-Michel Joseph, ce regroupement était déjà dans les cartons depuis la réforme des polices, au début du siècle.
Les critères peuvent aussi être différents. Parfois, le sujet s’invite de lui-même. Lorsqu’aucun remplaçant n’est trouvé pour remplacer le chef de corps sur le départ ou qu’une zone se trouve en déficit de personnel. "Dans ces cas de figure, la fusion s’impose d’elle-même". Mais ce n’est le cas pour aucune des trois zones sur lesquelles nous nous penchons. A contrario, d’autres critères peuvent-ils freiner ce processus de fusion ? L’éloignement géographique de Comines-Warneton et le regroupement de deux zones mono communales et d’une zone pluri communale "ne changeront rien", poursuit Jean-Michel Joseph. "Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est le transfert de tâches que le fédéral confie aux zones de police. Notre domaine de compétences s’élargit. Alors, sur base de quel(s) argument(s) autre que le financier doit-on fusionner avec nos voisins ? À titre personnel, je n’ai pas envie de mettre en péril un équilibre qui semble bon pour le moment. Je ne veux pas non plus perdre cette proximité et cet ancrage local, encore fondamental aujourd’hui."
Quant au commissariat dont les travaux viennent de commencer, le chef de corps estime qu’une fusion n’aurait "aucune incidence " sur le futur Quartier général de la police mouscronnoise.
2.« Une distance qui se crée »
"Bon gré, mal gré, on s’y collera si c’est la volonté des autorités fédérales. Mais à titre personnel, je n’ai pas une folle envie de fusionner avec d’autres zones de police", concède le chef de corps au Val de l’Escaut. Dominique Debrauwere craint également de perdre en efficacité et en proximité, "qui reste encore la marque de fabrique de la police locale belge", selon notre interlocuteur. "Centraliser les structures pour rassembler les fonctionnalités et faire des économies d’échelle, c’est le côté pile. Le côté face, c’est potentiellement créer une distance avec la population et par conséquent, mettre à mal notre mission auprès du citoyen. Au plus on éloigne le centre décisionnel, au plus on perd cette proximité. "
Le chef de corps de la police du Val de l’Escaut préfère fonctionner via des collaborations ponctuelles avec les zones voisines. "C’est le cas avec Wapipol@4, qui regroupe quatre polices locales et qui permet du prêt de matériel (comme les remorques de prévention), l’acquisition commune de drones ou le partage d’effectifs lors d’une occasion spécifique, ainsi que des réflexions stratégiques", conclut Dominique Debrauwere.
3.«Nous prouver qu’une fusion est efficace »
L’enthousiasme est tout aussi mesuré pour le chef de corps de la police de Comines-Warneton, qui pointe des "r aisons économiques et politiques " à ces envies de fusion(s). "On nous dira que, si certaines zones ont franchi le cap, pourquoi pas nous ? J’ai fait la démarche de me renseigner auprès des zones qui se sont regroupées et j’attends désormais des réponses. J’aimerais qu’on nous prouve qu’une fusion est bénéfique avant de nous l’imposer ", analyse Sébastien Dauchy. L’intéressé dresse d’ailleurs un parallèle avec la zone de secours de Wallonie picarde, dont le financement et le fonctionnement ne font pas l’unanimité, notamment à Comines-Warneton. "Il ne faut pas perdre de vue une chose: la qualité du service apporté au citoyen. Si on la dégrade en fusionnant, ce sera un échec. j’émets quelques réserves à cette possibilité de regrouper des zones car nos polices locales donnent satisfaction. Ici, le taux d’élucidation est élevé. Mais si on écoute certains observateurs, une petite zone de police comme la nôtre n’est pas viable, pas efficace. Je préfère attendre un rapport détaillé, un avant/après des zones qui ont fusionné avant de tirer des conclusions. " Quant aux perspectives, Sébastien Dauchy estime que le débat reviendra certainement au moment des prochaines élections communales, fin 2024.
Dominique Debrauwere vers la ZP du Tournaisis
Chef de corps au Val de l’Escaut, Dominique Debrauwere est (pour l’instant) le seul candidat à la succession de Philippe Hooreman à la tête de la zone de police du Tournaisis. Selon toute vraisemblance, il sera le prochain chef de corps de la ZP du Tournaisis. L’officialisation attendra encore quelques semaines.