Vous voulez mieux saisir la différence entre paléontologie et archéologie, savoir comment les humains vivaient dans les nuits froides de la Préhistoire ? Vous voulez – comme Jack London – savoir « Construire un feu » sans allumettes ni briquet… ? Une adresse incontournable à Villeneuve-d’Ascq : le parc archéologique Asnapio, ouvert en 2001, qui rouvrira en avril.
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Une large voie urbaine traverse de nos jours les trois anciens villages qui constituent la technopole universitaire de Villeneuve-d’Ascq : Ascq, Flers-lez-Lille, et Annappes. Ce dernier village était il y a environ 15 siècles nommé « Asnapio », petite secteur d’un ancien « fisc royal », autrement dit un vaste domaine qui appartenait aux Pippinides (Pépin de Herstal) et aux Unrochides (Evrard de Cysoing), ancêtres des empereurs carolingiens.
D'où vient le nom Asnapio ?
Au Moyen Âge, le quartier d'Annappes et ses environs (dont une partie du quartier de la Cousinerie) étaient le site d'un domaine royal appelé Asnapio. Asnapio était aussi un haras qui fournissait la cavalerie de l’empereur Charlemagne.
Remonter le temps
Ce domaine fournissait, entre autres, des « destriers » (chevaux de guerre) pour la cavalerie franque. Le site quadrangulaire tout proche de Quincampoix, entouré de fossés, est le vestige d’une motte castrale érigée au Moyen Age au sein de cet impérial secteur.
Cette artère urbaine, parallèle à l’autoroute Paris-Gand A22/M6, a été baptisée la « Rue du 8 mai 1945 ». Elle coupe la chaîne des six lacs et leur écrin de zones boisées qui agrémentent cette « commune verte ».
A l’Est de cette rue, au bord de la jonction entre le lac de Canteleu et le lac du Héron, s’étend un espace clos de 8 ha très couru par les familles et les écoliers, mais pas uniquement ! Lors des congés scolaires, il se remplit de jeunes visiteurs et de groupes d’adultes menés par des guides-animateurs passionnants.
Un « archéosite » de proximité
Asnapio est un parc de loisirs, imaginé en 1988, ouvert en 2001, destiné à diffuser auprès du grand public une initiation archéologique accompagnée d’animations scientifiques, ludiques et pédagogiques. Situé dans la Réserve naturelle de Villeneuve d’Ascq, voisin du «LaM» (ex-musée Masurel), ce Parc propose des « reconstitutions », c’est-à-dire le résultat tangible du rétablissement d’édifices dans leur forme initiale présumée, en utilisant matériaux et procédés existant à l’époque.
Reconstitution de quoi ? De l’évolution de l’habitat septentrional depuis le Paléolithique supérieur (- 30 000 ans av. J.-C.) jusqu’à l’époque carolingienne (800 ans ap. JC). Ambitieux, non ?
La dizaine de bâtiments visitables dans ces anciens marais asséchés a été « reconstituée » d’après de nombreux rapports de fouilles archéologiques dans toute la France, permettant de redécouvrir la vie quotidienne de nos ancêtres lointains.
Archéologie expérimentale
La restitution de ces bâtiments s’inscrit dans une démarche d’« archéologie expérimentale » : elle consiste à tenter de retrouver le mode de fabrication et la fonction d’outils, de matériaux, de bâtiments tels que les ont créés et utilisés les hommes et femmes des temps passés : cf. l’aventure de Guédelon, dans la Puisaye, où depuis 1997 les bâtisseurs contemporains se placent dans les conditions de construction d’un château au XIIIe siècle les plus proches possible de jadis (sans anachronismes, notamment sans électricité !)
Une fois franchi l’Accueil dans une néo-villa gallo-romaine (à gauche, petit musée avec des torques, des armes, des costumes celtes), la ou le guide vous emmène voir la « Tente magdalénienne » couverte d’écorces et de peaux (rennes…), puis la longue (37 m) « Maison néolithique » (ossature en poteaux et chevrons, murs en plessis d’osier couvert de torchis) avec son four et son dépotoir, typique de ces chasseurs-cueilleurs devenus agriculteurs-éleveurs.
Ils précédent la « Maison circulaire de l’Age du bronze » (métal dur : alliage de cuivre local et d’étain acheté très loin), les bâtiments de la « Ferme gauloise de l’Age du fer » (de – 900 à – 50 av. JC, temps des « arts du feu », des forges) avec un grenier sur pilotis, puis le « préau de construction », le four antique, enfin, au nord du parc, le Village et le Jardin médiévaux.
Une grande aire enherbée de spectacle permet aux grands et petit enfants de comprendre comment combattaient les Vikings ou les légions romaines etc. Les préaux pédagogiques sont commodes pour montrer comment travaillent les archéologues, confrontés aux vestiges, parfois profondément enfouis, des premières industries: lithique (taille de pierre : bifaces, hachereaux…), osseuse, céramique, métallurgique…
Asnapio, petit frère de célébrités ?
Le parc villeneuvois semble être un excellent tremplin pour aller plus loin dans ce type de découverte. Asnapio, à la différence de l’archéosite des Rues-des-Vignes (caves, tombes, silos, sur 1 ha, dominant l’abbaye de Vaucelles), n’est pas installé sur un site archéologique réputé, hormis quelques trouvailles de sépultures à incinérations gauloises ou gallo-romaines, mais il s’inspire de fouilles menées dans tout le département.
Le visiteur, après cet « apéritif », peut assouvir sa faim grandissante de connaissance proto-historique et de dépaysement chronologique en allant voir deux parcs au sud et au nord d’Asnapio. Celui de Samara (ancien nom du fleuve Somme) à La Chaussée-Tirancourt – 15 km à l’ouest d’Amiens : installé au bas d’un « éperon barré » ou « oppidum de César », ouvert en 1988, sur 100 ha.
Sinon, direction la Wallonie : ne pas manquer le riche archéosite d’Aubechies (80 000 visiteurs/an), village remarquable au N/O du château de Beloeil (à suivre).
Jean Louis Pelon
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