Flobecq : Une société gantoise veut réaliser des tests inédits sur le site de l’ancienne sablière pour construire des ouvrages souterrains
La société gantoise Denys souhaite tester à la Houppe, à Flobecq, une technique nouvelle pour la construction souterraine : le “roofrobot”.
- Publié le 23-02-2024 à 16h54
Des tests ont évidemment déjà été réalisés ici et là depuis plusieurs années. Mais c’est une phase importante que la société Denys veut réaliser à Flobecq, sur le site de l’ancienne sablière du Mont de Rode.
Denys est notamment active dans le forage de tunnels, en s’appuyant continuellement sur des techniques nouvelles. C’est dans ce cadre que la société souhaite mener des essais “grandeur nature” à Flobecq afin de tester une nouvelle technique avec un engin conçu dans la société. Il s’agit de la technique du Roofrobot qui est décrite comme “révolutionnaire”.
“Cette machine est développée par Denys et permet de créer une toiture à partir d’espaces souterrains à faible hauteur libre” indique Denys sur son site internet. “Le Roofrobot est une alternative plus sûre, plus rapide et moins intensive en main-d’œuvre à la méthode de construction traditionnelle d’un toit en tubes. Le toit réalisé par le Roofrobot peut avoir une portée de 20 m et est totalement étanche.”
“Le Roofrobot se compose d’une fraise, d’un module pour l’évacuation du sol et est suivi d’éléments en béton. Ces éléments sont renforcés et bétonnés pour créer le toit voûté.”
“Cette technique peut être utilisée pour différents types de projets tels que la construction de gares ferroviaires souterraines, de parkings et bien plus encore.”
Une demande de permis unique a été déposée afin de procéder à ces essais sur le site de l’ancienne sablière du Mont de Rode à Flobecq et l’enquête publique organisée dans le cadre de la procédure d’instruction est ouverte.
“Le site est idéal car il n’y a pas de nappe phréatique. Il n’est donc pas nécessaire de rabattre la nappe phréatique, ce qui réduit l’impact sur l’environnement et les coûts. De plus, la composition homogène du sol de l’ancienne carrière de sable offre des conditions d’essai idéales.” Au-delà, Denys souligne aussi le caractère isolé et “fermé” du site qui permet d’éviter les éventuelles nuisances sonores et visuelles.
Ces essais devraient durer un an, au moins. Mais le permis est sollicité jusqu’en septembre 2026 pour faire face à tout retard éventuel.
Recherche technologique et appui de l’UMons
La société Denys insiste sur le volet “recherche” qui est développé en son sein. “Nous investissons beaucoup dans la recherche technologique pour créer des espaces souterrains dans les zones fortement urbanisées. Construire en sous-sol sans interférer avec les bâtiments existants au niveau du sol. Cela permettra de réduire les nuisances sonores, les perturbations du site, etc. Les projets concernent par exemple des parkings, des stations de métro, des bassins d’eau souterrains, des centres de données, etc.”
L’Université de Mons, via son service de génie minier, soutient aussi tel projet en lui donnant une dimension sociétale. “La pression sur nos villes augmente. Les régions urbanisées dans le monde entier sont confrontées à la tâche importante d’absorber cette croissance démographique, notamment par le développement de nouvelles infrastructures pour gérer par exemple la mobilité. Cependant une grande partie de l’espace disponible est déjà occupée par des structures en surface, el les nuisances créées par les méthodes de construction traditionnelles deviennent de plus en plus difficiles à justifier.”
Chez Denys, un autre objectif est aussi avancé : l’amélioration des conditions de travail du personnel. “Actuellement, les travaux souterrains sont encore réalisés selon des méthodes dépassées, dans des conditions de travail et de sécurité très médiocres. Notre solution automatisée peut apporter une bonne réponse à ce problème, en permettant à nos employés de travailler de manière plus sûre, plus efficace et dans de meilleures conditions.”
Une arche en béton entre deux puits
“La structure sera composée d’un puits de départ et d’un puits d’arrivée” est-il décrit dans la demande de permis. “Ces puits sont situés à 17 m l’un de l’autre et seront constitués de palplanches temporaires. La machine creusera d’un puits à l’autre en forme d’arche. La machine est poussée vers l’avant par des blocs de béton statiques poussés depuis la fosse par des cylindres de presse.”
“Au lieu d’une roue de fraisage ronde à l’avant, la machine avant est équipée de 8 roues de fraisage plus petites. Cette topologie convient mieux à la forme carrée. La terre broyée aboutit dans un bac de collecte, après quoi elle peut être pompée en la mélangeant à de l’eau. Cette méthode de transport de la terre est également utilisée dans les méthodes traditionnelles d’élimination par microtunnelier.”
“Lorsque la machine aura terminé son parcours, une structure de toit en béton en forme d’arche d’une largeur de 2,4 mètres restera sous terre. La machine créera au total deux arcs de ce type. Les deux arcs seront ensuite reliés par des armatures et du béton.”
Après les tests, les palplanches seront enlevées et l’arche sera démolie. Le sol sera remis son pristin état.
Un groupe centenaire
Établi dans la périphérie de Gand (Wondelgem), le groupe Denys (centenaire depuis 2023), a d’abord développé des activités pour la pose de conduites en tous genres (eau, gaz, pétrole, etc.). “Depuis 2001, l’activité internationale est en pleine expansion, surtout dans le secteur hydraulique (projets complexes en hydraulique urbaine et rurale et projets d’assainissement) et dans le secteur du transport d’hydrocarbures gazeux et liquides par pipelines” lit-on sur le site de la société. “Sans renier nos racines dans la pose de conduites, nous nous sommes progressivement diversifiés dans le génie civil. Dans cette branche et issu du département restauration, Denys commence en 2005 avec la construction de bâtiments. Il constitue aujourd’hui une entité à part entière.” Quelque 1800 personnes travaillent pour Denys dont 60 % des activités sont réalisées à l’étranger.
Des voix s’opposent
Tout projet dans le quartier de la Houppe à Flobecq est toujours scruté attentivement. Celui de la société Denys n’échappe pas à cette règle. Vendredi, un communiqué a été transmis conjointement par Emile Dalleur (”Comité La Houppe Natura 2000 Flobecq”) et Filip De Bodt (vzw Climaxi, “organisation pour un climat social”). “Les voisins et sympathisants, ainsi que l’asbl Climaxi et le comité local La Houppe Natura 2000 D’Hoppe, introduisent un nouveau recours : l’étude de bruit sous-estime les effets négatifs sur la nature et les établissements Horeca du voisinage et désigne une zone incorrecte. L’avis de la Flandre voisine n’a pas été demandé, l’impact sur le site Natura 2000 protégé par l’Union européenne dans la région est considéré comme inexistant dans une soi-disant “étude” d’à peine 10 pages.”