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Loïc Delhuvenne : « Nous sommes les aiguilleurs du ciel de l’Eurométropole »

De la question de la ceinture de sécurité passager dans un bus qui passe la frontière franco-belge, aux questions sensibles de la gestion des déchets ou des ressources en eau, aux conseils prodigués à des milliers de travailleurs transfrontaliers… Les missions (méconnues) de l’agence de l’Eurométropole ont une portée concrète sur la vie de milliers de métropolitains.
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L’Eurométropole, c’est quoi ?

Loïc Delhuvenne, directeur général de l’agence de l’Eurométropole : « Avant toute chose, l’Eurométropole n’est pas OPNI, un objet public non identifié comme certains aiment l’évoquer, mais un territoire vivant, un bassin de vie transfrontalier. J’insiste sur cette notion. Nous sommes dans le vécu et le concret. Quand, comme moi, on habite à Tournai et que l’on travaille des deux côtés de la frontière, que l’on bénéficie d’une double nationalité (franco-belge), on se rend compte qu’un franchissement de frontière n’est pas juste un slogan. »

Pas un slogan d’accord mais cela change-t-il pour autant la vie des métropolitains ?

« Je pense par exemple aux travailleurs transfrontaliers (près de 40 000 Français qui travaillent en Belgique contre 8500 Belges qui font l’inverse) qui ont des droits et des obligations. Passer par notre agence vous permet d’avoir des informations liées aux questions fiscales, à la protection sociale, à une affiliation à une caisse de retraite… Nous sommes le bras armé de cette institution visant à aider les personnes qui passent de l’autre côté de la frontière. Nous développons également des projets, comme ceux liés à la mobilité douce, et nous facilitons les échanges entre citoyens, communes, entreprises, institutions… Nous sommes une porte d’entrée, peut-être insuffisamment connue, mais nous sommes bien un service à destination des citoyens, sur des questions liées au travail, à la mobilité, à la scolarité… Nous faisons un peu office d’aiguilleurs du ciel et quand nous ne savons pas répondre, nous orientons vers le bon service. »

L’Eurométropole, c’est un pont entre les deux pays.
L’Eurométropole, c’est un pont entre les deux pays. - VDNPQR

Existe-t-il des équivalents ?

« Nous sommes la seule instance de la région qui permet la rencontre de quatorze partenaires institutionnels. Et ça, c’est vraiment unique. Nous possédons une perception fine du développement d’un projet grâce à une vision franco-belge intégrée. Nous facilitons les échanges et créons un cadre de gouvernance qui n’existe pas dans le cadre des législations classiques. Nous sommes également très engagés sur la cause européenne et reconnus par la Commission européenne comme laboratoire… On dit toujours que c‘est par le biais des frontières (175 km de frontière entre la France et la Belgique) que l’on peut se rendre compte de la réalité européenne… Quand vous prenez le territoire de l’Eurométropole, ce sont deux millions d’habitants dont un tiers se concentrent véritablement sur la frontière ».

Comment facilitez-vous les échanges entre la France et la Belgique ?

« Maires et bourgmestres se retrouvent deux ou trois fois par an pour échanger sur des problèmes citoyens, de déchets, de gestion d’eau. La dernière rencontre a conduit à travailler sur des fiches en matière de sécurité de déchets qui permettent à un maire français de mieux comprendre comment cela se passe en Belgique. On a plus à gagner à mutualiser que d’être chacun dans son coin. C’est plus facile à dire qu’à faire car d’un point de vue institutionnel, les approches sont différentes. Quand un bus passe la frontière, vous avez des normes de sécurité différentes. Le port de la ceinture n’est pas obligatoire pour les passagers de bus en Belgique alors qu’il l’est en France. Nous jouons un rôle pour lever ces blocages avec la Commission européenne. Nous sommes à la fois entremetteurs, agents de liaison et consultants. Nous ne détricotons pas les législations en place mais tentons de trouver les plus petits dénominateurs communs par le biais de l’expérience… »

Dans les bus belges, le port de la ceinture n’est pas obligatoire pour les passagers alors qu’il l’est en France

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

« Sur les mobilités douces (vélo), la couture transfrontalière, afin de sécuriser les grands axes frontaliers. Nous souhaitons également rendre l’Eurométropole plus visible au travers de sa dimension culturelle, en améliorant le réseautage entre les différents musées ; en ciblant une meilleure offre touristique. Nous planchons aussi sur la gouvernance de proximité entre maires et bourgmestres et sur l’intégration européenne. Nous avons aussi développé un podcast en cette année électorale… »

Que serait l’Eurométropole sans fête ?

« Nous organiserons une grande fête au parc Marvis de Tournai le 12 mai sous la forme d’une coopération entre la Petite Fabrique à Tournai, l’Aéronef à Lille et Wilde Westen à Courtrai et de nombreux autres collectifs. Le 1er mai, ce sera la fête du Carré bleu. L’Eurométropole se construit aussi par son aspect festif. »

L’agence de l’Eurométropole (neuf personnes) a son siège social à Lille, son équipe opérationnelle est basée à Courtrai (le bureau, ouvert au public, est situé Leiestraat, n°22, c’est en centre-ville) et le siège société civile est à Tournai. Tél.: 003256231100 / info@eurometropolis.eu
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