En ce matin d’un froid mordant, les allonges en bois de chêne, pailletées de givre, semblent ébaucher le squelette d’un monstre marin échoué. Ses vertèbres cintrées s’élancent en arcs vers le ciel d’un bleu glacier. « Bienvenue à bord », plaisante Christian Cardin, ingénieur hydrogéologue, inventeur des épaves de la Hougue et président fondateur de l’Association Tourville, en s’engouffrant sous la grandiose charpente de la coque, maintenue par des étais.
« Ici, vous êtes à fond de carène. Songez que vous vous situez à 6 m sous l’eau ! », précise-t-il. Levant la tête, on distingue à la poupe, à l’arrière de la structure, les courbures de l’arcasse, qui esquissent les contours d’une harpe de géant. Plus tard, dans quelques années, des ornementations, sculptures et fioritures baroques, décoreront le château arrière du vaisseau, le quartier des officiers. Pour l’heure, seule l’imagination permet d’embarquer à bord.
Ambitieux projet d’archéologie expérimentale
Voilà deux décennies, en effet, que des femmes et des hommes, réunis au sein de l’Association Tourville, lancés dans un ambitieux projet d’archéologie expérimentale, s’échinent sur le chantier d’un vaisseau du XVIIe siècle. Baptisé le Jean-Bart, en l’honneur du corsaire dunkerquois (1650-1702), anobli par Louis XIV, il est le plus grand voilier en bois en construction au monde.
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