En théorie, la langue officielle de la Flandre, région du nord de la Belgique, est le néerlandais. Dans la pratique, c’est un peu plus compliqué. Si le “néerlandais standard” est bien la norme à l’école, dans les journaux ou dans un débat politique, dans les moments informels de la vie quotidienne on recourt bien plus volontiers aux dialectes (anversois, ouest-flandrien ou encore limbourgeois) voire, le plus souvent, à une voie médiane, entre le standard et le patois : la tussentaal, littéralement “langue intermédiaire”.

Le phénomène n’est pas purement flamand : “Au cours du dernier siècle, un peu partout en Europe, on s’est mis à préférer la langue usuelle à la langue standard dans des contextes publics et formels”, précise la sociolinguiste Eline Zenner au Standaard. Mais “en Flandre, l’écart entre la langue standard et la langue usuelle est plus grand.”

Incarner la norme ou refléter la réalité

Et la question est suffisamment complexe pour que la VRT, le média public flamand, se soit dotée d’une charte linguistique, dans laquelle elle précise attendre “de tous ses collaborateurs qu’ils recourent, dans leurs interventions publiques, à un néerlandais standard, clair, correct et attrayant”. Sauf dans les programmes de fiction, où “toutes les variétés de néerlandais sont permises”, et la tussentaal monnaie courante. Pour les besoins d’un débat sur le sujet, les acteurs de Thuis, l’une des sitcoms les plus célèbres de Flandre, avaient d’ailleurs essayé de rejouer des scènes en néerlandais standard, et étaient partis dans de grands éclats de rire sur le plateau, tant cette expression leur semblait visiblement empruntée.

Le journal De Standaard constate pourtant que, ces derniers temps, la tussentaal se fraie un chemin dans des programmes de divertissement, voire dan