Hainaut

Hainaut

Travailler de l’autre côté de la frontière franco-belge ? Quels sont les avantages ?

Ecoutez ici notre reportage à Mons et Valenciennes

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

23 avr. 2024 à 16:36Temps de lecture
Info
Florence Dussart

Ils sont plus de 43.000. 43.000 travailleurs passent la frontière franco-belge tous les jours pour aller travailler. Dans un sens ou dans l’autre, ils ont tous leurs raisons, mais ce que révèle l’Insee, l’institut français des statistiques, c’est que les résidents belges qui vont travailler en France sont de plus en plus nombreux. La hausse est de 35% (chiffres au 1er janvier 2021). Comment l’expliquer ?

Des Français qui habitent en Belgique

Tout d’abord, il faut savoir que la majorité d’entre eux (les trois-quarts) sont en fait des Français qui résident en Belgique. "Leur augmentation semble donc davantage témoigner d’un choix de la part de Français de résider en Belgique que d’une attractivité du marché du travail français pour les Belges", observe l’institut français. "La quasi-totalité des flux (97%, soit un peu plus de 8400 salariés) sont dirigés vers sept zones d’emploi, formant la "zone frontalière", parmi lesquelles cinq sont limitrophes avec la Belgique : Lille, Roubaix-Tourcoing, Valenciennes, Maubeuge, Dunkerque, Lens et Douai. Les zones d’emploi de Lille et Roubaix-Tourcoing accueillent à elles seules plus de 80% des flux".

En bref, il s’agit de Français qui viennent habiter chez nous mais travaillent encore en France. Pourquoi ? La plupart du temps, ce sont les circonstances de la vie les ont amenés chez nous, tout simplement. Un mariage, l’opportunité d’un emploi. Ils y trouvent parfois un immobilier moins cher, des amis sympas et… pas vraiment d’autre avantage !
Sauf évidemment pour ceux qui y viennent pour des raisons fiscales. Auquel cas, cela concerne plutôt ceux qui disposent d’un certain patrimoine.
Selon l’Insee, ils sont 8700, donc, à habiter en Belgique et à travailler dans les Hauts-de-France.

Ils habitent majoritairement dans la zone Tournai-Mouscron mais aussi dans la région de Mons, Courtrai, Ypres ou même Bruxelles. "L’arrondissement de Tournai-Mouscron concentre près des deux tiers des frontaliers travaillant dans les Hauts-de-France, détaille l’Insee. En effet, plus de 3000 résidents de cet arrondissement traversent la frontière pour rejoindre leur lieu de travail dans la zone d’emploi de Lille et 2600 se rendent dans la zone d’emploi de Roubaix-Tourcoing".

Flux des travailleurs frontaliers résidents belges vers la zone frontalière © Insee

Mais, le phénomène inverse, celui des résidents français qui travaillent en Belgique est beaucoup plus important.

Ils sont 34.500 selon les derniers chiffres de l’Institut National de la Statistique et Etudes Economiques français.

Ceci peut s’expliquer par le fait qu’il y a davantage d’emplois disponibles chez nous. Surtout dans la construction, le transport, la vente ou l’enseignement. Mais également par un attrait salarial évident. Céline Thillou est directrice de l’administration et valorisation de la recherche à l’Université de Mons. Elle explique : "Cela fait 21 ans que je travaille en Belgique, donc c’est que je m’y plais […]. La Belgique m’a très bien accueillie. J’avais fait des études en informatique et je voulais faire de la recherche et la recherche était mieux valorisée en Belgique, mieux payée, soyons clairs".

Céline Thillou, Française qui travaille à l’UMons depuis plus de 20 ans © RTBF

L’emploi est souvent mieux rémunéré en Belgique, mais, de surcroît, pour ceux qui ont bénéficié du statut de frontaliers jusqu’en 2012, l’impôt était prélevé côté français, où il était moins important : "Effectivement, il y a des avantages sur les impôts directs et les impôts indirects, précise Céline Thillou. Je gagne sur deux types de taxes. Donc oui, ça fait un écart salarial encore plus important".

Une différence de plus de 500 euros net

En effet, certaines personnes ont conservé et conserveront ce statut de frontaliers jusqu’en 2033. "Pour ceux qui travaillent dans une université comme l’université d’État qu’est l’Université de Mons, le statut a perduré, donc j’en bénéficie toujours". Dans le cas de Céline, la différence se chiffrait à environ 500 euros net par mois au début de sa carrière. Elle est encore plus conséquente maintenant qu’elle a 20 années d’expérience professionnelle.

Gary Balard, lui, travaille dans un magasin de jouets à Mons. Comme d’autres de ses collègues, il habite en France. Et s’il a fait le choix de la Belgique, c’est parce que les "clients sont sympas", mais pas seulement.

Gary Balard travaille dans un magasin de jouets à Mons © RTBF

"Au niveau salaire, au niveau prime, on est bien mieux payés en Belgique. Et bon, on va dire que les clients sont un peu plus gentils et conviviaux. Donc c’est pour tout ça, c’est un bien-être", se réjouit le vendeur. Bien sûr, le revers de la médaille, ce sont les quarante minutes de trajet minimum. Mais cela en vaut la peine, pour ce jeune Français. "Ça nous permet aussi de mettre de côté les primes que nous n’avons pas en France" (ndlr : prime de fin d’année et pécule de vacances). "Malheureusement, en France, un salaire moyen, on va dire, avec trois ou quatre ans d’expérience, on tourne aux alentours de 1300, 1400 euros. Ici, on tourne aux alentours de 1900 € à peu près, donc on est déjà plus confortables niveau train de vie", conclut Gary.

Plus de 34.000 résidents des Hauts-de-France travaillent en Belgique. Un chiffre qui est quand même en légère baisse, sans doute liée à la suppression (partielle) du statut de frontalier.
 

 

Recevez chaque semaine un condensé des événements culturels et touristiques de votre région

Recevez chaque semaine un condensé des événements culturels et touristiques de votre région. Attention, pour recevoir cette newsletter personnalisée, veillez bien à renseigner votre code postal dans votre profil.

Articles recommandés pour vous