Les policiers de Wallonie picarde sont-ils habilités à poursuivre des bandits en France ? "Une bonne communication est essentielle"
Les policiers belges peuvent-ils poursuivre un suspect de l’autre côté de la frontière et inversement ? Réponse à notre question des lecteurs avec Daniel Senesael, dont le combat au fédéral porte sur une coopération plus efficace.
- Publié le 10-02-2024 à 09h46
Le 8 novembre dernier, trois jeunes malfaiteurs français étaient arrêtés à quelques mètres de la frontière, après une course-poursuite haletante dans les rues de Mouscron. Leur arrestation n’est due qu’à l’efficacité de la police hurlue, qui avait cadenassé les principaux axes de circulation, y compris le rond-point qui marque la frontière entre la cité des Hurlus et Wattrelos. Le trio transportait des stupéfiants et une coquette somme d’argent.
Et si les malfaiteurs avaient réussi à passer la frontière ? Il y a quelques années, la voiture aurait pu continuer sa course folle et passer entre les mailles du filet. Aujourd’hui, la coopération transfrontalière est renforcée par plusieurs accords conclus dernièrement.
Au parlement fédéral, Daniel Senesael en a fait un de ses principaux combats. Bourgmestre d’une commune frontalière depuis bientôt 30 ans, l’élu connaît parfaitement les enjeux de tels accords transfrontaliers. Il faut dire que la commune d’Estaimpuis a 23 kilomètres de frontière commune avec la France. Une frontière parfois imbriquée dans un tissu urbain où l’on passe "de la Belgique à la France sans s’en rendre compte ", expliquait Daniel Senesael en mai 2021.
Aujourd’hui, la course-poursuite entamée en Belgique peut se poursuivre en France et inversement, "à condition d’une communication réciproque entre les services de police belges et français ", indique le député-bourgmestre. La communication peut intervenir à tout moment, y compris une fois que la frontière est déjà franchie et pendant toute la durée de la poursuite.
Des policiers belges formés aux us et coutumes françaises et inversement
L’avancée est significative. Les polices de Mouscron, du Val de l’Escaut ou même de la Métropole Lilloise ne diront pas le contraire. Le maïeur estaimpuisien nuance tout de même: "il reste des difficultés opérationnelles", précise-t-il. Quelles sont-elles ? "Pour renforcer la coopération, il faut faciliter l’échange entre les bases de données françaises et belges. Il faut également réfléchir à un système de communication identique entre les zones frontières." Comprenez une communication interne, sans devoir passer par GSM, par exemple.
Daniel Senesael veut profiter de la présidence belge au conseil de l’Union Européenne (jusqu’en juin 2024) pour faire avancer les accords transfrontaliers entre les services de police. Selon notre interlocuteur, il faut s’inspirer de la coopération entre Pays-Bas, Belgique et Luxembourg pour la reproduire avec la France. Le cadre juridique a été revu entre les ministères belges et français de l’intérieur en mai 2023. Un cadre opérationnel qui permet d’obtenir des résultats pour des faits de vols, de trafic de stupéfiants, de trafic d’armes ou même de blanchiment d’argent. "D’après Annelies Verlinden, le premier bilan est impressionnant ", ajoute le député-bourgmestre.
De nouvelles mesures seront prochainement à l’ordre du jour, maintenant que la législation belge a été modifiée pour permettre la poursuite des malfaiteurs chez nos voisins français.
Daniel Senesael identifie un dernier point crucial dans l’amélioration des opérations de police franco-belges: la formation. "Des deux côtés de la frontière, les policiers ont été formés aux us et coutumes de leurs voisins. Ça leur permet de mieux appréhender certaines situations, urgentes ou non", conclut le parlementaire.