Namur

Les cheminées d’usine racontent notre histoire : vous êtes invités à participer à leur recensement

© Asbl Patrimoine industriel Wallonie Bruxelles

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InfoPar Odile Leherte

L’ASBL Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles invite les citoyens à participer au recensement des cheminées d’usine (et civiles, comme celles des hôpitaux, d’autres qui servent à aérer d’anciens forts ou les souterrains de la SNCB). Le but ? Compléter les données de cheminées déjà répertoriées, en repérer de nouvelles, pour ensuite identifier les plus remarquables et tenter de les protéger. Car les cheminées qui jalonnent nos territoires racontent notre histoire et en particulier notre riche passé industriel.

 

© / O.L.

Ce matin, comme tant d’autres, Isabelle Sirjacobs, historienne, a eu le regard attiré par une cheminée en briques rouges. "Ça devient une forme de réflexe", sourit-elle. Intriguée, elle ausculte cette cheminée rectangulaire et le bâtiment auquel elle est adossée. "On dirait un ancien atelier ou une petite manufacture". Son compère Vincent Vincke, expert en archéologie industrielle, a repéré quelques dessins sur le fronton. "Ça ressemble à de l’art déco", suggère-t-il. Ils sont les copilotes de l’inventaire des cheminées pour l’ASBL Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles et vivent au rythme de la découverte de nouvelles cheminées depuis deux ans. "On en recense actuellement 636. C’est dans le Hainaut qu’on en a le plus (254), suivi de Liège (179), de Bruxelles (84), Namur (83), du Brabant wallon (21) et de la province du Luxembourg (17)".

Une découverte suivie de recherches

Mais à quoi servait donc ce bâtiment avant d’être transformé en appartements ? Pour démarrer leur enquête, Isabelle et Vincent n’hésitent pas à sonner chez un voisin, qui explique avoir acheté sa maison en 1983, peu après la faillite de l’industrie HMS, qui produisait des machines pour les glaceries qui se trouve un peu pus loin dans cette rue des glaces nationales. Sa maison était d’ailleurs occupée par les ingénieurs de l’usine. "Quand on a emménagé, les gens nous racontaient qu’on voyait à l’époque des colonnes d’ouvriers qui venaient travailler. C’était quand même la gloire d’Auvelais", réagit Gabriel, le voisin.

Les manufactures se succédaient dans cette rue bien connue où Saint-Gobain, dernier représentant de l’industrie verrière à Auvelais a fermé en 2014. "Un peu plus loin, il y a le Bon grain, qui s’appelait le Bon pain lors de sa création en 1907", explique Isabelle Sirjacobs. Là aussi, une petite cheminée d’usine est encore visible. L’asbl 'Contre vents et marées' qui a reconverti le site a décidé de la garder, bien que rabotée, pour que les murs continuent à refléter l’histoire du bâtiment. "Ici, elle raconte aussi l’histoire d’un quartier, puisque c’est à l’initiative des glaceries, que l’on crée cette usine de fabrication de pain pour les ouvriers". Une manière pour l’entreprise de satisfaire les besoins alimentaires de ses ouvriers, tout en tentant d’étendre l’influence catholique dans la région. Le baron Joseph de Dorlodot publie en 1928 un hebdomadaire à l’attention de l’éducation morale des travailleurs de la boulangerie : "L’ouvrier, édition du Bon Pain". La camionnette de distribution du Bon Pain côtoie à l’époque la camionnette rivale de la boulangerie coopérative ouvrière de la Maison du Peuple.

Ancien "Bon pain", site réhabilité par l’asbl "Contre vents et marées"
Ancien "Bon pain", site réhabilité par l’asbl "Contre vents et marées" © / O.L.

Derrière une cheminée, une histoire

Le président de l’asbl les appelle "les beffrois du travail". L’expérience industrielle connue par les Wallons pourrait être unique aux yeux des humains qui vivront dans quelques siècles, ajoute-t-il.

"Elles sont visibles dans l’espace urbain, dans le tissu architectural", commente Vincent Vincke.

"C’est une trace de notre passé industriel, souligne Isabelle Sirjacobs, la Wallonie ayant été la deuxième puissance industrielle du continent. On veut garder ces traces et les protéger. Notre mission, c’est de les répertorier dans un souci de sauvegarde et pour tenter d’intervenir, non plus dans l’urgence, mais dès qu’il y a un projet de démolition. Pour expliquer au politique pourquoi il faut la sauver".

Des cheminées industrielles et civiles

"Les cheminées de style industriel que les gens connaissent, circulaires ou carrées en briques rouges, on en trouve aussi dans les hôpitaux", détaille Vincent Vincke.

"Il y a aussi des cheminées totalement atypiques dont on ne dirait pas que ce sont des cheminées comme un petit bâtiment rond à Louvain-la-Neuve qui sert à l’aération du chemin de fer souterrain. Il y en a d’autres encore plus atypiques, ce sont des cheminées en béton armé en forme de champignon qui servaient à aérer les forts. Elles sont souvent dans les forêts".

Cheminée d’aération du fort de Suarlée
Cheminée d’aération du fort de Suarlée © / O.L.

Ouvrez les yeux, et partagez vos données

L’ASBL invite les citoyens à repérer des cheminées et lui envoyer des données éventuellement manquantes (souvent leur hauteur) pour des cheminées déjà répertoriées. Une carte est disponible sur le site internet de l’asbl.

 

Les cheminées d’usine racontent notre histoire. Les citoyens invités à participer à leur recensement.

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Patrimoine industriel : cheminées recensées en Wallonie et à Bruxelles

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Extrait du JT du 14/03/2024

Patrimoine industriel : cheminées recensées en Wallonie et à Bruxelles

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