Mais à quoi servait donc ce bâtiment avant d’être transformé en appartements ? Pour démarrer leur enquête, Isabelle et Vincent n’hésitent pas à sonner chez un voisin, qui explique avoir acheté sa maison en 1983, peu après la faillite de l’industrie HMS, qui produisait des machines pour les glaceries qui se trouve un peu pus loin dans cette rue des glaces nationales. Sa maison était d’ailleurs occupée par les ingénieurs de l’usine. "Quand on a emménagé, les gens nous racontaient qu’on voyait à l’époque des colonnes d’ouvriers qui venaient travailler. C’était quand même la gloire d’Auvelais", réagit Gabriel, le voisin.
Les manufactures se succédaient dans cette rue bien connue où Saint-Gobain, dernier représentant de l’industrie verrière à Auvelais a fermé en 2014. "Un peu plus loin, il y a le Bon grain, qui s’appelait le Bon pain lors de sa création en 1907", explique Isabelle Sirjacobs. Là aussi, une petite cheminée d’usine est encore visible. L’asbl 'Contre vents et marées' qui a reconverti le site a décidé de la garder, bien que rabotée, pour que les murs continuent à refléter l’histoire du bâtiment. "Ici, elle raconte aussi l’histoire d’un quartier, puisque c’est à l’initiative des glaceries, que l’on crée cette usine de fabrication de pain pour les ouvriers". Une manière pour l’entreprise de satisfaire les besoins alimentaires de ses ouvriers, tout en tentant d’étendre l’influence catholique dans la région. Le baron Joseph de Dorlodot publie en 1928 un hebdomadaire à l’attention de l’éducation morale des travailleurs de la boulangerie : "L’ouvrier, édition du Bon Pain". La camionnette de distribution du Bon Pain côtoie à l’époque la camionnette rivale de la boulangerie coopérative ouvrière de la Maison du Peuple.